Nombre de mots se
rapportant aux métiers dans les trois textes : Braquage chez le primeur : 92 mots
Les miches de la boulangère : 110 mots
Le boucher charcuté : 154 mots
Nombre de titres de
films dans le texte "Les tontons flingués" : 194 titres
exacts et 230 si on ne tient pas compte des articles ni du singulier et
du pluriel.
Ci-dessous le texte
avec entre parenthèses les films desquels les répliques
sont extraites.
Les
tontons flingués
Olive, le marchand
de melons de Cavaillon, prenait toujours ses vacances le 15 août. Cette
année-là ce fut l'année de tous les dangers avec la canicule et un été
meurtrier sur les routes. Délaissant le camping de La Baule les Pins exploité
par monsieur Hire où il avait rencontré sa future épouse Mado, une demoiselle
de Rochefort, il avait opté pour celui de " l'Eldorado " à Saint-Cyr sur
la Méditerranée. Il y avait fait la connaissance du boucher Roger Mouton
dit le balafré depuis que, noblesse oblige, un baron jaloux avait lavé
son honneur d'un méchant coup d'épée. Avec le troisième homme Marius Gagnepain,
pâtissier à Pithiviers, ils avaient pris l'habitude de se retrouver pour
prendre l'apéro ou le digestif en se racontant leurs mésaventures réciproques.
Charlotte, la femme du boulanger avait été victime des pulsions d'un désaxé
tandis qu'Olive s'était fait braqué par un petit loulou de quartier.
Les trois mousquetaires avaient fini par en dégoter un quatrième pour
une partie de cartes. Après avoir décliné l'offre de Patrick Chirac le
boute en train du camping et candidat malheureux aux élections municipales
de Bourzy les Gonzesses, ils avaient jeté leur dévolu sur Lulu Brun, cuisinier
à Cuire en banlieue lyonnaise dans un restaurant qui s'appelait " la cuisine
au beurre ". Ca n'était pas de la grande bouffe mais on y trouvait quelques
spécialités comme la soupe au canard dans laquelle il était difficile
de distinguer l'aile ou la cuisse ainsi qu'un buffet froid à volonté pour
les morfalous.
Les compères s'étaient installés sur la terrasse du bar de la marine,
près de la piscine, alors que Charlotte qui ne voulait pas jouer la potiche
était partie avec les randonneurs accompagnée de Mado l'épouse d'Olive
et de Rebecca la femme de Lulu qui avec son long nez avait un air de famille
avec Cléopâtre. Cette dernière aurait pu rester vieille fille car il n'avait
épousé l'insoumise qu'après sept ans de réflexion. Depuis la mégère était
apprivoisée mais elle pouvait encore semer la zizanie s'il ne se tenait
pas à carreau. Ah ! Vous savez que j'en ai fait quelques-unes des parties
de cartes avec mes potes les lyonnais. Il y avait Didier Debureau, l'horloger
de Saint-Paul, Max Bécas, projectionniste au cinéma Paradiso et Antoine
Doisnel dit " Biloute " (Bienvenue chez les chtis) le propriétaire
de l'hôtel des Amériques. Un fabuleux destin pour ce chti et sa compagne
Amélie Poulain qui avaient débuté en tenant une baraque à frites à Bergues.
C'est pas comme Max qui avait mal tourné fréquentant les ferrailleurs,
commençant comme voleur de bicyclette en piquant le vélo de Ghislain Lambert,
un cycliste professionnel avant de monter à Paris où il avait rencontré
une belle américaine originaire de Manhattan qui lui avait dit : " Je
vous trouve très beau ! "
Gilda, Gigi pour les intimes était danseuse dans la revue du Moulin Rouge
" Welcome " avec ses copines Thelma et Louise. Elle avait débuté au cabaret
" L'Ange Bleu " en compagnie de son partenaire sicilien Vito Corleone
dit " le guépard " reconverti plus tard dans le western spaghetti. A l'époque
elle était la maîtresse d'un lieutenant français, un tatoué à la fois
doux, dur et dingue ; mais entre la belle et la bête la love story avait
tourné court.
Après quelques magouilles, Max s'était lancé dans l'arnaque pour une poignée
de dollars et après avoir effectué la traversée de Paris lors d'une poursuite
infernale la police lui avait mis la main au collet alors qu'il s'apprêtait
à sauter dans le dernier métro. Présumé innocent, il déclara qu'il n'avait
rien à déclarer et respecta la loi du silence. " C'est cela oui… " (Le
père noël est une ordure) lui avait répondu l'inspecteur Harry avant
de l'envoyer au trou. Il voulait se faire une place au soleil mais les
grandes espérances s'étaient transformées en voyage au bout de l'enfer
et pour lui l'heure de la dernière séance était arrivée. Pendant sa garde
à vue il avait goûté au quai des orfèvres et tout son tralala et désormais,
purgeant sa peine entre les murs de sa cellule, il apercevait les oiseaux
sur un arbre perchés comme une promesse de délivrance. Les jours s'éternisaient
comme un long dimanche de fiançailles et il passait son temps à se souvenir
des belles choses. Voilà hélas ce qui arrive quand on cède à la folie
des grandeurs et que l'on danse avec les loups. Même son codétenu François
Pignon alias Ben-Hur, un ancien portier de nuit, lui avait dit : " A force
de faire le corniaud entre les bas fonds et la jet-set on finit un jour
ou l'autre par se faire pincer et il n'y a plus de retour possible à la
case départ."
Quant à Didier, l'homme tranquille, que n'aurait-il pas fait pour une
nuit à l'opéra en compagnie de la diva Manon Lescaut-Bartoli qu'il idolâtrait.
Malheureusement on connaît la chanson : les divas sont intouchables et
notre horloger délaissant les feux de la rampe continua à perdre son temps
à réparer des montres dans son obscure boutique.
Tout ça pour vous dire que depuis nos chemins se sont séparés. Pour l'un
la vie est belle, pour l'autre c'est la scoumoune et chacun de nous est
reparti dans le tourbillon de la vie. " (Chanté par Jeanne Moreau dans
Jules et Jim)
Pendant le récit de Lulu, Fanny la serveuse leur avait apporté quelques
douceurs. " C'est du kloug, une spécialité locale. C'est fin, c'est très
fin, ça se mange sans faim ! " (Le père noël est une ordure)
" T'as de beaux yeux tu sais ! " (Quai des brumes) avait lâché
Roger le boucher en mal de compliments.
Et pour faire glisser le kloug, Just Leblanc qui tenait le bar avec son
associée Adèle Blanc-Sec était venu en personne leur proposer une gnôle
du pays.
" Alors les bronzés, goûtez-moi ça, vous m'en direz des nouvelles ! "
" Qu'y a-t-il à l'intérieur, ça m'a l'air bizarre ! " demanda Lulu.
" Vous avez dit bizarre ? "
" Moi j'ai dit bizarre, comme c'est bizarre ! " (Drôle de drame)
" Allez les gars ! Cul sec ! " s'exclama Leblanc.
" Faut reconnaître, c'est du brutal !
" J'ai connu une polonaise qui en prenait au petit déjeuner."
" Faut quand même admettre, c'est une boisson d'homme !" (Les tontons
flingueurs)
" Ca déboucherait un chiotte ! " (Les bronzés font du ski)
" Laissez nous juste la bouteille Just ! " ajouta Olive. " Ca me
rappelle le tord-boyaux que buvaient mes parents chez mon oncle monsieur
Hulot pendant les vacances. Il avait épousé tatie Danielle, la fille du
puisatier, et habitait dans les collines du Garlaban. C'était une époque
formidable car leur maison c'était un peu l'auberge espagnole. Quand mon
père Léon venait passer un dimanche à la campagne, il décrochait le vieux
fusil et partait avant que le jour se lève chasser la bartavelle avec
son chien andalou. Il se prenait un peu pour Superman mais rapidement
victime d'une grosse fatigue il rentrait au bercail. Le soir, après la
soupe aux choux, on se réunissait pour la traditionnelle partie de cartes.
C'est à cette occasion que j'ai appris à jouer à la manille. Je me souviens
comme si c'était hier de nos visiteurs du soir. Il y avait notre voisin
le Papet, authentique et élégant avec son œillet à la boutonnière et son
neveu Ugolin, le bossu, deux têtes de pioches qui formaient un drôle de
tandem. Dans le village le Papet passait pour l'homme qui en savait trop,
le corbeau qui envoyait de temps en temps une lettre anonyme et il inspirait
à la fois la crainte et le mépris. Nous aussi on avait bien l'ombre d'un
doute mais c'était le parrain de ma sœur Emmanuelle, une môme qui avait
le diable au corps et qui faisait les quatre cent coups avec mon petit
frère Oscar.
" Chez moi ce n'était pas la dolce vita, reprit Lulu, on était loin du
charme discret de la bourgeoisie et sans être misérables on n'avait pas
beaucoup de pognon. " Le lundi c'est raviolis " (La vie est un
long fleuve tranquille) avait décrété mon paternel pour qui j'étais
un mauvais fils, et l'alcool c'est seulement pour un jour de fête ". On
n'y avait jamais dérogé jusqu'à ce qu'il quitte le domicile conjugal et
parte en taxi avec la femme d'à côté, une lolita montée sur talons aiguilles.
Je ne vais pas vous raconter tout sur ma mère, mais depuis ce jour là
elle était comme les possédés, surtout les nuits de la pleine lune où
l'on se demandait s'il ne fallait pas faire venir l'exorciste. "
Vous savez, dit Roger, les maris, les femmes, les amants, c'est un vrai
nid de guêpes. J'aurais dû me méfier quand la baronne m'a fait des avances.
Lorsqu'elle m'a offert quelques friandises j'aurais dû lui dire merci
pour le chocolat et basta ! Marie-Tristane, la pianiste qui aimait Molière
et Van Gogh, c'était vraiment la totale. Sans compter qu'elle avait la
tête dure et la fesse molle, le contraire de ce que j'aime ! (Comment
réussir quand on est con et pleurnichard) Et puis ça m'aurait évité
de voir débouler son olibrius de mari, le mors aux dents et l'arme fatale
à la main. Quel après-midi de chien ! On peut dire qu'il m'a donné quelques
sueurs froides et qu'il a failli m'expédier dans l'au-delà. Sans compter
que j'ai été obligé d'aller chez le toubib. Le sauvage m'avait drôlement
arrangé mais heureusement le docteur Françoise Gailland m'a recousu d'une
main de maître. Vous savez, il y a des moments dans la vie où le cave
se rebiffe. J'ai bon caractère mais j'ai le glaive vengeur et le bras
séculier. Si je le rencontre, l'aigle va fondre sur la vieille buse !"
" C'est chouette comme métaphore !"
" C'est pas une métaphore, c'est une périphrase."
" Oh fait chier !"
" Ca c'est une métaphore ! " (Faut pas prendre les enfants du bon dieu
pour des canards sauvages)
" Et toi Marius, reprit Olive, tu as une bien jolie femme, t'as jamais
eu de problème à part l'épisode du petit merdeux."
" Vous savez, dans la vie il faut toujours être gentil avec les femmes
même avec la sienne. " (Série noire)
" Oui mais on sait que les hommes préfèrent les blondes et tant qu'il
y aura des hommes tu feras bien de te méfier. Je n'ai pas pour habitude
de me mêler de la vie des autres mais on sait bien qu'entre un homme et
une femme c'est avant tout une affaire de goût. Tiens, par exemple Mado
et moi on n'a pas fait le mariage du siècle mais maintenant il n'y a aucun
avatar entre nous. En plus on a la chance d'habiter à la campagne et je
peux vous l'affirmer même s'il y a ce gazon maudit à tondre : le bonheur
est dans le pré."
" Bon ! Assez discuté et si on jouait maintenant ! " dit Marius qui avait
un coup dans le nez. Le tirage au sort décida qu'Olive et Marius joueraient
contre le gros Roger et le petit Brun. Les protagonistes qui avaient sifflé
la première bouteille en commandèrent une seconde et les esprits commencèrent
à s'échauffer.
A la table voisine, on entendait le bruit des glaçons dans le verre d'une
nana qui sirotait un diabolo menthe en compagnie d'un guignolo aussi décoré
qu'un arbre de noël et qui portait un pantalon très serré qui lui moulait
les valseuses.
" Vous avez vu ce con à côté. Franchement faut oser pour se fringuer comme
ça, c'est ridicule ! "
" Les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît ! " (Les
tontons flingueurs)
" Je me demande si Lulu coupe à cœur " dit Olive. (Marius)
" La vérité m'oblige à te le dire : Tu commences à me les briser menu
! " (Les tontons flingueurs) lui répondit aussitôt Roger.
Mais Olive continua à faire des grimaces exaspérant Roger.
" Pas de signes s'il vous plaît, respectez la règle du jeu !"
" Tu me surveilles comme si j'étais un tricheur. Tu me fends le cœur !
" (Marius)
Puis s'adressant à Marius : " Et toi il te fait rire ! (Marius) Quand
on mettra les cons sur orbite t'as pas fini de tourner ! " (Le Pacha)
" Allons Roger, t'énerves pas ! dit Lulu qui tentait de s'interposer,
c'était juste pour détendre l'atmosphère."
" Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ! "
(Hôtel du Nord)
Je vais te dire un truc Lulu : " Quand les types de 130 kilos disent quelque
chose ceux de 60 kilos les écoutent ! " (100000 dollars au soleil)
Pendant que Lulu s'écrasait mollement et s'en jetait un derrière la cravate,
l'irascible boucher s'en prit de nouveau à Olive : " Mais y connaît pas
Roger ce mec, je vais le travailler en férocité, on va le retrouver éparpillé
par petits bouts façon puzzle ! J'correctionne plus, j'dynamite, j'disperse,
j'ventile. Je vais le renvoyer à la maison mère, au terminus des prétentieux
! " (Les tontons flingueurs)
" Si on ne peut pas tricher entre amis c'est pas la peine de jouer aux
cartes ! " (Marius)
Le ton qui montait entre les joueurs avait attiré le tavernier.
" Mais qu'est-ce que c'est que ce bins ? " (Les visiteurs)
Fanny, la jeune serveuse s'était elle aussi approchée de la table sur
laquelle traînait le portefeuille de Roger.
" Touche pas au grisby salope ! " (Les tontons flingueurs) grogna
l'ours mal léché.
" Ca suffit maintenant l'emmerdeur, il faudrait voir à mettre la pédale
douce, Fanny n'est pas une petite voleuse et vous allez lui faire des
excuses, menaça Just Leblanc, et je vous préviens que je n'aime pas les
grandes gueules."
" Okayyy … ! (Les visiteurs) Je suis pas contre les excuses, je
suis même prêt à en recevoir." (Les grandes familles)
" Vous faites peine à voir, on dirait un cheval qui a raté une haie, on
vous abattrait sur un champ de course. " (Le dîner de cons)
" Faut m'excuser, j'ai plus ma tête, (Les tontons flingueurs) se
lamenta Roger en pleurnichant. Depuis mon duel avec le baron j'ai la haine
et je vis dans une psychose permanente."
" Dites, vous vous foutez de moi, là, en ce moment, hein ? Foutez-moi
le camp ! " (Les grandes vacances)
Lorsqu'ils quittèrent le bar en titubant nos quatre lascars flingués par
l'eau de vie n'avaient vraiment pas l'étoffe des héros et ce n'est pas
sur les sentiers de la gloire qu'ils dirigèrent tant bien que mal leurs
pas, mais sur le grand chemin du camping. Olive et Marius bras dessus
bras dessous chantaient " Hello le soleil brille, brille, brille… "
(sifflé dans le pont de la rivière Kwaï) suivis par un boucher
en train de sombrer tel le commandant du Titanic. " Marche à l'ombre "
lui cria Lulu qui avançait en se retournant comme s'il avait la mort aux
trousses. Au loin on apercevait le grand bleu de la mer.
" Tiens, le vent se lève ! fit remarquer Lulu qui en avait dans les voiles,
c'est le vent d'autan."
" Non, précisa Olive à bout de souffle, c'est autant en emporte le vent
! "
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