Nuageuses Baléares
Samedi matin, après une courte nuit, nous assistons au lever du soleil sur les côtes des Baléares. Nous contournons la partie montagneuse de Majorque pour accoster à Palma vers 11h30 au lieu des 10 heures prévues initialement. Cette petite contrariété nous oblige à modifier l'emploi du temps de ce premier jour. Finalement, après l'installation à l'hôtel de Magalluf et le repas, nous nous contenterons d'une sortie allégée de 28 kms tout juste suffisante pour se dérouiller les gambettes.
Le dimanche mauvaise surprise : de gros nuages ont envahi le ciel si bleu de la veille et n'incitent guère à l'optimisme. Nous décidons cependant d'aller rouler tout comme le groupe de cyclos chamoniards qui logent dans le même hôtel. Une vingtaine de kilomètres plus tard, la pluie nous surprend accompagnée d'un vent assez fort. Nous nous mettons à l'abri un moment protégés par un avant-toit attendant que l'averse cesse, puis nous repartons avant de décider de rentrer par le plus court chemin car la pluie se remet à tomber et il ne fait pas très chaud. La suite nous confortera dans notre décision car les conditions météo resteront maussades pour le reste de la journée. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, nous occupons l'après-midi en visitant la vieille ville de Palma, sa cathédrale et ses nombreuses églises et ruelles pittoresques avant d'échouer dans un bar pour tester les traditionnelles tapas du coin.
Lundi 26, nous prenons le véhicule et mettons le cap sur Formentor au nord de l'île pour une journée que nous espérons plus fructueuse. En tous cas les conditions météo sont un peu plus agréables sans être vraiment au beau fixe. Une petite route sympathique permet d'atteindre l'extrémité du cap avec au passage quelques belles vues sur des criques escarpées. Une nuée de papillons nous accueille dès le premier col et je me dis qu'il y a longtemps que je n'ai vu autant de ces insectes voleter autour de moi. Arrivés au phare, nous n'avons plus qu'à faire demi-tour pour revenir sur Pollença, puis nous allons agrémenter notre sortie par une boucle du côté est de Majorque, histoire de grappiller trois cols supplémentaires. Au total 106 kms et 10 cols : c'est déjà mieux que les jours précédents.
Mardi matin , nos espoirs sont à nouveau déçus car le ciel est menaçant. Départ vélo du port de Soller et ascension du col de Puig Major. Les sommets sont perdus dans le brouillard et un vent froid nous oblige une nouvelle fois à modifier notre programme du jour. Frigorifié au cours de la descente du col, je me rends compte que l'ombre des nuages file bien plus vite que moi sur le bitume de la route. De retour au port nous retrouvons tout à fait par hasard le reste du groupe pour un frugal casse-croûte en commun. Nous finirons quand même par retrouver le soleil en particulier dans la région de Sa Colobra et ses superbes lacets.
Mercredi le beau temps est enfin au rendez-vous et nous décidons d'en profiter pour nous régaler sur la route côtière après nous être fait déposés au village de Valdemossa. Les remarquables points de vue de la côte déchiquetée rappellent par endroits les paysages de la Corse. Après une courte pause au port d'Andratx, nous découvrons le bleu turquoise couleur carte postale de la baie de Camp de Mar resplendissante sous le soleil. Au terme d'une journée de chasse aux cols très bénéfique avec 13 cols pour 82 kms, nous avons bien mérité de goûter aux plaisirs de la plage et de la baignade.
Jeudi 29, jour de départ, la grande majorité du groupe a décidé de mettre à profit cette ultime journée pour visiter la ville de Palma et faire un peu de shopping. Pour notre part, nous allons terminer en beauté par un parcours sur de petites routes tranquilles, découvrant au passage des villages perchés comme celui de Galilea, avec un retour par le col de Sa Creu qui nous offre une superbe vue sur Palma telle une cerise sur le gâteau. Nous plongeons en direction de la mer jusqu'à la plage de Cala Major pour une petite collation en attendant notre embarquement sous un ardent soleil retrouvé. Ces deux dernières journées nous auront heureusement permis d'augmenter notre capital cols en profitant des magnifiques panoramas de Majorque.
Le retour s'effectue sur le Donatella d'Abundo, bateau italien dont c'est paraît-il le dernier voyage. 90 passagers seulement à bord, mais une soirée d'enfer animée par le dynamique Vincenzo bien relayé par notre groupe de joyeux fêtards, avec en point d'orgue la frénésie charlestonesque de Marie-Christine sur la piste de danse et la prestation logorythmique de notre barde breton Marc qui ira jusqu'à pousser sa goualante d'une voix puissante craignant de précipiter notre bateau par le fond plus tôt que prévu. Ces péripéties ne nous empêcheront toutefois pas de parvenir à bon port au pays de Brassens et de Valéry avant de rejoindre Grenoble dans l'après-midi.
Si sur le plan sportif le bilan est resté en dessous des prévisions avec 392 kms et 43 cols, côté touristique, Majorque la nuageuse nous a tout de même dévoilé ses charmes, d'abord petit à petit telle une subtile effeuilleuse avant de s'exhiber sans vergogne sous le soleil pour notre plus grand plaisir, nous laissant d'elle en souvenir une radieuse image.
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