Le Tour de Corse
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Vendredi 13 mai 1994, 13h30, 44 personnes dont 39 cyclos prennent place dans le car qui doit nous emmener jusqu'à Gênes, lieu d'embarquement pour la Corse. Préparé avec le plus grand soin par une commission composée de Michel Pla, Serge Reymond, Eric Santos et Philippe Sionnet, nous croisons les doigts pour que ce périple de 9 jours dans l'Ile de Beauté se passe dans les meilleures conditions. Le C25 équipé de la remorque à vélos ainsi qu'un véhicule léger nous accompagneront tout au long du parcours. Neuf étapes de 80 à 140 kms chaque jour, 1000 kms à parcourir,
52 cols et près de 13000 mètres de dénivelée constituent le programme
sportif des cyclos répartis en 4 groupes dont un groupe VTT. Nous n'oublions
cependant pas l'aspect touristique, les appareils photos et autres caméscopes
étant prêts à immortaliser ce séjour.
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1ère étape : " Le Cap Corse " ( Bastia-Saint Florent ) Après un voyage nocturne, nous débarquons du ferry au petit matin avec cycles et bagages, déjà impatients d'enfourcher nos montures. Les premiers kilomètres ne sont guère folichons, mais les petites criques du bord de mer nous réconcilient rapidement avec une nature de plus en plus sauvage. Dans l'ascension du premier col, troupeaux de chèvres et de moutons se côtoient. A certains endroits, la couleur du sable et de la roche vert pâle semble transformer le Cap Corse en cap vert où se découpe par instant une mouette blanche. Sur la côte ouest, plus accidentée, les bosses se succèdent jusqu'à Saint Florent où le Patrimonio, vin corse local, nous prodigue ses vertus de conviviale vitalité. |
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2ème étape : " L'Ile Rousse " ( Saint Florent-Corte ) Cette longue étape marque le contraste entre la côte et la Corse profonde. Dans la traversée du désert des Agriates, un renard traqué dans le maquis par un groupe de chasseurs détale à notre approche. Notre passage lui a momentanément sauvé la vie et nous nous éloignons promptement, les panneaux de signalisation criblés d'impact de balles n'étant pas là en effet pour nous rassurer. Nous escaladons le col de San Colombano, sorte de petit Galibier corse, qui domine la baie de l'Ile Rousse, où le véhicule de ravitaillement nous attend. Dans la descente sur Corte nous rencontrons de nombreuse vaches en liberté. Un jeune veau tête sa mère au beau milieu de la route, mais cette situation insolite ne nous empêche pas de rejoindre la ville étape dans un paysage de montagnes pelées. |
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Après les gorges du Golo, la deuxième partie de l'ascension s'effectue dans une forêt de pins. C'est l'occasion de croiser sur la route les premiers cochons, mais aussi d'innombrables colonies de chenilles processionnaires. Une magnifique descente dans un décor de roches rouges nous mène en roue libre jusqu'à Porto et sa tour génoise. Le groupe VTT perdu dans le maquis ne rentrera au bercail que dans la soirée. |
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Plus loin, certains s'arrêtent à Cargese " les deux églises " l'orthodoxe et la catholique qui se font face, tandis que d'autres poussent jusqu'au golfe de Sagone pour une baignade impromptue. Nous nous regroupons pour un casse-croûte au bord de la mer avant l'arrivée sur Ajaccio. Mais nous ne nous attardons pas dans la cité de Napoléon, les odeurs d'oxyde de carbone nous étant devenues tout à coup insupportables. Nous préférons filer rapidement vers Porticcio où la plage de sable fin nous attend pour un nouveau bain de mer et de soleil.
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5ème étape : " Pluie et brouillard " ( Ajaccio-Vizzavona ) Pour la première fois, la météo n'est pas très engageante et de gros nuages noirs s'amoncellent sur les reliefs. Une partie d'entre-nous choisit d'effectuer le petit parcours. A partir de 1000m d'altitude, il nous faut rouler dans le brouillard qui s'épaissit jusqu'au sommet du col de Vizzavona où la chaleur d'un feu de bois dans la cheminée nous apporte une douce quiétude. Il est midi, un véritable déluge s'abat sur la montagne et sur les cyclos engagés sur la route défoncée du col de Scalella qui parviendront à l'hôtel trempés jusqu'aux os.
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6ème étape : " Mer ou montagne " ( Vizzavona-Propriano ) La nuit dans les chambres douillettes de l'hôtel Monte d'Oro nous a été bénéfique, pourtant au matin il pleut encore et le brouillard demeure épais. Une dizaine de courageux cyclos décide toutefois de continuer sur le parcours montagneux par les cols de Sorba, Verde et la Vacchia, les autres préférant rejoindre directement Propriano par le bord de mer. Nous les regardons partir, encapuchonnés et les pieds empaquetés de sacs plastiques tels des cyclistes d'une autre planète. Quelques kilomètres plus bas, le temps redevient cependant plus clément et c'est sous le soleil retrouvé que nous rallions la séduisante baie de Propriano.
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8ème étape : " Bavella " ( Porto Vecchio-Aléria ) Cette nouvelle étape montagneuse nous emmène sur l'épine dorsale de la Corse par le superbe col de Bavella dominé par les aiguilles du même nom. Mais avant, il nous faut grimper jusqu'au barrage de l'Ospédale où nous avons l'impression de découvrir un lac canadien au milieu des montagnes rocheuses. Les neuf kilomètres du col de Bavella ne nous semblent ensuite qu'une formalité. Puis nous descendons jusqu'à Solenzana par une route interdite à la circulation automobile, un pont ayant été emporté lors des pluies diluviennes de 1993. Nous passerons néanmoins l'obstacle sans difficultés avant de rejoindre Aléria où nous sommes logés dans le village vacances du centre pénitentiaire.
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9ème étape : " Les cyclos libérés " ( Aléria-Bastia ) Les portes du pénitencier se sont heureusement ouvertes pour notre peloton qui doit rallier Bastia directement alors que 14 éléments font un détour par Piedicroce pour un dernier adieu à la montagne. Roulant à une bonne allure, nous arriverons à bon port bien avant l'heure d'embarquement, et ce n'est pas le retour mouvementé sur Grenoble ( crevaison du car ) qui pourra altérer le formidable souvenir que nous conserverons de ce tour de Corse. Oubliant les quelques incidents mécaniques inévitables dans ce genre de déplacement et malgré tout peu nombreux, nous ne garderons dans nos mémoires que la diversité des décors naturels découverts au fil des routes pittoresques de l'Ile de Beauté. Et s'il me fallait résumer en un mot ce séjour, je dirais
que la Corse en vélo, c'était vraiment le pied ! |
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