La baigneuse

Une fille descend sous les sapins,
Dans sa démarche l'ivresse mélancolique
D'un jour absent sans lendemain,
Et comme elle marche si nostalgique
Un nuage s'étire qui couvre le soleil
Un nuage noirci reflété par les eaux,
Et la fille se mire elle se trouve belle
Elle quitte ses habits cachée par les roseaux,
Et le soleil réapparaît caressant son corps nu
D'un rayon frémissant audacieux et jaloux,
Alors sans un regret comme elle était venue
Dans l'onde de l'étang elle entre et se dissout.

Clair de lune

Les ports de la lune triste
accueillent la nuit mystérieuse,
variation sur le tempo du temps.
La plume écarlate du Pierrot pâle erre
entrelaçant les mots originels.
L’amour existe en ciel
dans la chevelure des mots lunaires.
Parmi les voiles des bateaux
Colombine vagabonde
au coeur de la nuit étoilée.
Ebloui par le clair-obscur
longtemps tu l’as cherchée.
Mais ton désir demeure inassouvi
et ta mélodie-lune
Pierrot de nulle part
s’éternise dans ton pipeau.

Cendrillon

Il pleuvait
Les citrouilles pleuraient
Les chats avaient mangé les rats
Faute de soins le prince charmant mourut dans la nuit
Avant les douze coups de minuit
Et Cendrillon s'en retourna à sa vaisselle.

Jets d'eau

Un jour j'étais assis dans un jardin
Un enfant s'arrêta regardant le bassin
Et la mère qui suivait
Lui dit de se presser
L'enfant avec regret hésita et partit
Et les jets d'eau pleuraient des larmes de dépit.

A cœur perdu

Les flammes lèchent le bois sec.
Elles s'allongent démesurément,
Me brûlent les yeux,
Embrasent mon corps
Et mon cœur se met à chanter
Quelque part dans la braise
Et s'en va en fumée
A l'anglaise
Par la cheminée…

La toupie

On me l'a présentée
Elle s'est levée
Et s'est mise à tourner
Tourner sans s'arrêter
A un rythme effréné
Et puis comme une fée
Toujours sans s'arrêter
S'est volatilisée.

Senteurs

Parfum de jasmin,
Les roses du jardin
Se sont épanouies
En un bouquet fleuri.
Atmosphère frivole,
Une mésange s'envole,
Un orage peut-être
Viendra gâcher la fête.
En ce début d'été
Il est bon de s'aimer.

Passantes


Où sont donc passées toutes ces belles passantes ?
Brassens les a cherchées avant qu’il ne les chante.
Elles allaient gaiement ces jeunes filles charmantes
Avec cette candeur qui toujours nous enchante.

Surgissant du passé, légères et souriantes,
Leurs doux visages nous obsèdent et nous hantent.
En plus de leur beauté elles étaient épatantes
Mais elles avaient à la fois l’humeur si changeante.

Celles qui se promènent joyeuses ou nonchalantes,
Celles qui, rêveuses, sont si attendrissantes,
Demoiselles égarées dans une foule oppressante,
Silhouettes aperçues graciles et élégantes,

On se souvient parfois de leurs voix envoûtantes,
De leurs jambes fuselées, de leurs formes inspirantes,
De leurs ports altiers, de leurs courbes émouvantes,
De leurs apparitions furtives et troublantes.

Où sont-elles donc parties ces belles insouciantes
Croisées dans la rue discrètes ou aguichantes ?
En me rappelant comme elles étaient craquantes
Je pense encore souvent à ces jolies passantes.



Attente
 

Station Alsace-Lorraine
Les minutes s’égrènent
Je t’attends

Le tram a dû te prendre
Mais il se fait attendre
Tout autant

Je t’envoie un message
C’est de l’enfantillage
Très urgent

Tu arrives peut-être
Le nez à la fenêtre
Me cherchant

En montant dans la rame
Je bouscule une dame
M’excusant

Tu es tout près de moi
Je te serre dans mes bras
Tendrement

On arrive à la gare
Le train a du retard
On l’attend


L’absente
 

Ce qui compte surtout
Ce sont les souvenirs
Et revoir de partout
L’éclat de ton sourire.
On me parle de toi,
Tu brilles au firmament
Et moi je suis en bas,
Je remonte le temps.
Parfois c’est le passé
Qui me monte à la tête,
Tu es dans mes pensées,
Tu vois comme c’est bête,
Tu es toujours présente
Et envahit mon cœur
Telle une jeune amante
Ravivant ma douleur.




Impromptu

 Vies entremêlées
Nos amour trouvées
Et perdues

Nos cœurs calcinés
Vestiges d’un passé
Révolu

D’avoir tant aimé
Que sont nos baisers
Devenus

Désirs conjugués
Plaisirs partagés
Disparus

Lèvres embrassées
Nos corps caressés
Et repus

Se sont explorés
Mais sans se lasser
D’être nus.

Puis tu m’as laissé
Seul, désemparé,
Eperdu.



Nuit blanche

 

Je me souviens de certains soirs
Quand étendu dans la pénombre
Les heures grises deviennent noires
Et que j’ai la raison qui sombre.  

Je laisse la lumière allumée
Pour que les affres de la nuit
Ne s’insinuent dans mes pensées
  Et me retiennent au fond d’un puits. 

Avec la mémoire qui vacille,
L’angoisse de la solitude
Et mon cerveau qui part en vrille
Sont devenus vicissitudes. 

Longues sont ces heures perdues
Dans un voyage sans retour,
Les jours je ne les compte plus,
Je pense à toi mon cher amour.
 

La nuit fut blanche et assassine
Et pour dormir il est trop tard.
Il m’a rongé jusqu’aux mâtines,
Sale bestiole ce cafard !




Eclats de rire
 

Rire c’est se laisser aller,
Alors pourquoi se retenir,
Dans la vie il faut rigoler.
Quand une blague prête à rire
On peut rire à en pleurer,
On peut partir dans un fou-rire
Ou rire à gorge déployée,
Ou même se tordre de rire
Rire aux larmes ou pouffer
On peut éclater de rire,
Se bidonner ou se poiler
Parfois c’est à mourir de rire,
C’est fou comme on peut se marrer
A moins d’être un pince-sans-rire.

Ange ou démon

C’était un enfant très malin
Un chérubin aux cheveux blonds
Un véritable diablotin
Sans bon dieu et sans confession. 

Pourtant c’est un bon petit diable
Aurait dit Madame la comtesse
Son sourire est agréable
Il ne lui manque que la sagesse. 

Avec sa belle gueule d’ange
Il menait une vie décousue
Au comportement qui dérange
Car c’était un ange déchu. 

Il avait reçu de Satan
Tous ses pouvoirs maléfiques
Rejoignant le clan des méchants
Et sa cohorte diabolique. 

Il aurait pu être un archange
A l’image de Saint-Michel
Au lieu de vivre dans la fange
Après avoir perdu ses ailes. 

Depuis il avait bien vieilli
Rattrapé par ses vieux démons
Entre autres celui de midi
Comme dernière tentation.


Retour à la page d'accueil
Retour à la page poésie