Une histoire cousue de fil blanc

C’est une histoire avec un héros très ordinaire qui a la tête près du bonnet. Un vieux singe auquel on n’apprend pas à faire des grimaces, aimable comme une porte de prison. Il est du genre à mettre les pieds dans le plat et à tout prendre au pied de la lettre.

Trouver un emploi n’est pas chose facile de nos jours et même si l’on pense pouvoir dégoter un boulot les doigts dans le nez on fait souvent chou blanc avant de voir enfin le bout du tunnel.

On a beau être né sous une bonne étoile, être tiré à quatre épingles et ne pas avoir la langue dans sa poche, il vaut mieux toucher du bois avant de se jeter dans la gueule du loup. Il y a parfois loin de la coupe aux lèvres mais une chose est sûre c’est qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

Mon voisin Jojo était gai comme un pinson avant de se retrouver au chômage mais maintenant qu’il est sur le fil du rasoir il est d’une humeur de chien et il a la désagréable impression d’être la cinquième roue du carrosse. Il a souvent l’estomac dans les talons et pour le moment il n’accepte que de petits boulots pour ne pas avoir de fil à la patte. Même s’il a du pain sur la planche et des fourmis dans les jambes, il lui arrive de vous poser un lapin et il est désormais connu comme le loup blanc.

Il ferait mieux de faire contre mauvaise fortune bon cœur et de ne pas monter sur ses grands chevaux, mais le bougre voudrait avoir le beurre et l’argent du beurre. Chassez le naturel il revient au galop !

On lui aurait donné le bon dieu sans confession. Pourtant il ne faisait pas dans la dentelle, mangeait à tous les râteliers et se foutait de la religion comme de sa première chemise. Enfin, pour appeler un chat un chat, il était un peu fainéant et le mot travail lui fichait la chair de poule.

Cela dit, il ne casserait pas trois pattes à un canard avec ses yeux de merlan frit. De plus cet ours mal léché était un peu soupe au lait et avait tendance à prendre les vessies pour des lanternes.

Il n’était pas du genre à jeter l’argent par les fenêtres mais il avait du mal à joindre les deux bouts avec l’impression de s’être fait rouler dans la farine comme le dindon de la farce.

En tous cas il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué et il est resté le bec dans l’eau après avoir voulu mettre la charrue avant les bœufs. Il ne faut quand même pas pousser mémé dans les orties !

Alors qu’il croyait tenir le bon bout, à force de couper les cheveux en quatre, l’affaire qu’il avait en vue avait tourné au vinaigre et s’était terminée en eau de boudin. Ce n’est pas cela qui allait mettre du beurre dans les épinards et depuis il se tenait à carreau en évitant d’en faire tout un fromage.

Voilà ce que c’est que d’avoir les yeux plus grands que le ventre et de tirer des plans sur la comète en voulant péter plus haut que son cul. Bref il n’était pas encore sorti de l’auberge et il tirait le diable par la queue.

Heureusement pour lui, côté santé, il se porte comme un charme, il a bon pied bon œil, comme un coq en pâte qui aurait repris du poil de la bête. Il n’est pas encore au bout du rouleau et même s’il file un mauvais coton il n’est pas près de casser sa pipe.

Depuis quelque temps, il est cul et chemise avec un bon à rien bête à manger du foin qui lui doit une fière chandelle. Un guignol qui a un poil dans la main et n’a pas inventé l’eau chaude. Ces deux-là sont copains comme cochons et s’entendent comme des larrons en foire pour casser du sucre sur le dos des voisins.

En attendant ils passent leur temps à se taper la cloche et à se piquer la ruche et il y a souvent de l’eau dans le gaz entre les deux pochetrons qui sont parfois à couteaux tirés. Il faut dire qu’à défaut de mettre la main à la pâte, Jojo met volontiers son grain de sel partout jusqu’à ce que la moutarde lui monte au nez.

Dès lors il ne faut pas s’étonner que son épouse se soit barrée avec le premier venu sans que rien ne lui mette la puce à l’oreille. Il croyait pourtant avoir trouvé chaussure à son pied mais elle en avait sa claque de compter pour du beurre. Leur couple allait à vau l’eau et leur histoire avait fini en queue de poisson quand un jour qu’ils se disputaient elle était tombée dans les pommes.

Il en était resté comme deux ronds de flan et depuis qu’il était seul il était dans de beaux draps et commençait à battre la campagne. Lorsque vous êtes fauché comme les blés et que les carottes sont cuites, c’est la fin des haricots et pour s’en sortir c’est souvent la croix et la bannière.

Jojo ne faisait pas exception à la règle et malgré le soutien de son pote il allait falloir aller au charbon et mettre de l’eau dans son vin s’il voulait tirer son épingle du jeu. En tous cas il n’hésitait pas à tourner autour du pot et à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Jojo n’était pas du genre à y aller par quatre chemins et si besoin, il n’hésitait pas à vous mettre des bâtons dans les roues. Il était plutôt du genre à tirer les marrons du feu en se regardant le nombril et à jeter le bébé avec l’eau du bain.

Il se laissait facilement embarquer dans des affaires louches qui ne valaient pas un pet de lapin et même s’il n’avait pas froid aux yeux, ça commençait à lui courir sur le haricot. Autant pisser dans un violon pensait-il, je ferais mieux de me ranger des voitures.

Cet enfant de la balle savait vous tirer les vers du nez ou vous clouer le bec mais il n’était pas prêt à se saigner aux quatre veines afin d’avoir pignon sur rue. Il ne se mettait pas martel en tête quand une affaire lui donnait du fil à retordre et finissait toujours par s’en sortir.

Plusieurs fois cependant il avait dû prendre ses jambes à son cou, au nez et à la barbe des flics, avant de se faire gauler et embarquer dans le panier à salade. Depuis, après avoir rongé son frein, il avait déménagé à la cloche de bois car même s’il avait plus d’un tour dans son sac, il était dans le pétrin parce qu’il avait poussé le bouchon un peu loin en arnaquant un pigeon qui avait les portugaises ensablées mais qui n’aurait pas fait de mal à une mouche.

Pour l’instant il avait gardé une poire pour la soif et préférait laisser pisser le mérinos tout en coinçant la bulle. Il se contentait de toucher du bois et continuait de se faire dorer la pilule tout en menant une vie de patachon au lieu de peigner la girafe. Heureusement il avait encore la tête sur les épaules et il ne risquait pas de se noyer dans un verre d’eau.

Jojo n’était pas tombé de la dernière pluie et même s’il avait les côtes en long il avait pris de la bouteille et n’allait pas se mettre la rate au court-bouillon pour trouver un job. D’ailleurs il avait d’autres chats à fouetter et ce n’était pas le moment de faire la fine bouche.

Il n’allait pas se monter le bourrichon, ni jeter le manche après la cognée et il n’hésiterait pas à changer son fusil d’épaule s’il le fallait avant de sucrer les fraises ou de manger les pissenlits par la racine.

A moins que de but en blanc il ne prenne ses cliques et ses claques et ne file à l’anglaise en prenant la clé des champs pour commencer une nouvelle vie en allant par monts et par vaux tout en sachant que pierre qui roule n’amasse pas mousse.

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