Il était une fois

 

Les contes pour enfants ont presque toujours une fin heureuse et c’est bien normal. Mais essayons d’imaginer, si l’histoire ne s’était pas arrêtée, ce que seraient devenus leurs héros dans une version revisitée.

Le petit Chaperon Rouge en avait marre de porter des galettes à sa mère-grand et elle a fini par les manger. De plus elle a beau tirer sur la bobinette la chevillette ne choit plus. Et elle a beau chanter « Promenons-nous dans les bois » elle n’a pas encore vu le loup. Quel dommage ! C’est vraiment un conte à la noix.

La vieille au bois dormant et le prince charmant ont atteint la limite d’âge. Elle n’aurait jamais dû se mettre au pieu si tôt et sombrer dans un si long sommeil. Le prince a maintenant 80 balais et ne sort plus de son palais. Elle va devoir arrêter les somnifères et attendre un peu avant de trouver un autre pigeon. Et surtout penser à mettre un radio-réveil car elle ne compte plus sur le pouvoir magique d’un baiser fut-il princier.

Blanche-Neige et les sept nains mangent des pommes tous les matins. Elles ne sont pas empoisonnées car il faut dire que Blanche-Neige n’est plus celle qu’elle a été. La belle s’est mise en ménage avec les sept nains. Pour l’amour c’est une nuit par semaine et chacun a sa spécialité. Sept nains c’est mieux que quarante académiciens pense-t-elle tous les soirs avant de se coucher. De temps à autre elle interroge son miroir : « Dis-moi qui est la plus belle ? C’est pas toi ! c’est pas toi !» chantent à l’unisson les sept nains.

La petite fille aux allumettes qui se gelait les mirettes avait fini par renoncer à son petit commerce. C’est la petite sirène qui lui avait conseillé de se reconvertir et désormais elle bosse chez Carglass.

Le pauvre Gepetto qui en hiver avait besoin de bois pour se chauffer a fini par brûler sa marionnette dans la cheminée et maintenant de Pinocchio il ne reste plus que le nez.

Quant aux trois petits cochons on en a fait des saucissons car même le loup n’en voulait plus. Il faut dire qu’il n’en pouvait plus de courir dans la forêt à la poursuite d’un Chaperon par ici ou d’un petit cochon par là.

Il n’avait pas comme le Chat Botté chaussé des bottes de sept lieues. Passant son temps à ronronner bien au chaud devant la télé celui-ci ne valait guère mieux car pour courir dans les bois lui aussi était trop vieux.

Dans le désert Ali Baba qui avait oublié le mot de passe criait « Suzanne ouvre-moi !» « Et toi ferme ta gueule !» lui répondaient les quarante voleurs en train de se gaver dans la grotte au trésor.

Cendrillon a tellement galéré pour trouver chaussure à son pied qu’elle a fait des pieds et des mains pour épouser un petit cordonnier qui voulait aller danser. Mais pour elle rien a changé, elle fait toujours la vaisselle et le ménage et en plus il faut lui faire à manger à ce fainéant.

La loupiote d’Aladin avait fini par s’éteindre. Le génie à l’intérieur était devenu gâteux et ne pouvait plus faire de vœux. Il s’était endormi pendant mille et une nuits, celles du marin Sinbad qui en avait ras-le-bol de naviguer et de Shéhérazade qui commençait à en avoir marre de raconter des histoires.

Alice au pays des mères vieilles avait saigné son lapin blanc qu’elle avait mangé en civet. Le lièvre de mars s’était enfui pour ne pas subir le même sort. La souris était partie comme une dératée et la chenille s’était planquée dans la robe de la reine de cœur qui n’en avait pas. Quant au chapelier fou, il était complètement déjanté et se prenait désormais pour la Reine des Neiges.

Hansel et Gretel se sont perdus dans la forêt en suivant les traces du petit Poucet qui avait semé ses cailloux et qui lui aussi s’était égaré. Ils ont fini par se faire prendre et la sorcière les a cuisinés sous la forme de petits pâtés.

Le Vilain petit Canard qui en sortant de la mare se secoue le bas des reins et fait coin-coin ne deviendra pas un cygne majestueux mais plutôt un canard boiteux s’il ne termine pas sa vie en magrets.

La princesse de Peau d’âne a pris du poids mais elle a commencé un régime et fait de la pub pour comme j’aime.

Entre Peter Pan et la fée Clochette il y a quelque chose qui cloche et ce n’est pas le capitaine Crochet qui dira le contraire. Clochette n’est plus bonne qu’à faire le ménage comme une fée du logis ordinaire et Peter Pan vit à ses crochets ce qui n’est pas pour déplaire à l’ignoble Crochet qui a décidé de raccrocher.

Riquet à la houppe est toujours aussi laid et il s’est pas mal déplumé. Longtemps il a blanchi sous le harnais et le Riquet plus très frais n’est plus vraiment ce qu’il était. La petite Poucette non plus qui repoussée par tous a fini par faner à la fin de l’été.

Boucle d’Or aussi a désormais les cheveux blancs. Elle est la mère de trois oursons aux yeux bleus et aux cheveux blonds.

La bergère et son ramoneur formaient un couple bien fragile. Il a fini par se lasser de sa bergère au doux regard et maintenant il passe son temps à chanter « Quand te reverrais-je pays merveilleux. » On lui souhaite de retrouver le chemin des alpages en évitant d’utiliser les télésièges.

Tout cela bien sûr n’est que pure fiction et ces versions réactualisées sont souvent en fin de compte à peine plus incroyables que celles d’origine. Mais que Charles Perrault, Hans Christian Andersen et les frères Grimm se rassurent leurs contes ne seront pas oubliés de sitôt et continueront longtemps encore à faire les beaux jours des parents et des enfants.

Quant au petit Chaperon Rouge, aux dernières nouvelles, il aurait rencontré dans les bois un petit homme vert. On ne sait pas encore si c’est un écologiste ou un Martien mais c’est peut-être le début d’une nouvelle histoire haute en couleurs.

 

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